La clairvoyance du hasard
Li Lang + Yuki Onodera

26.02.2022 – 22.05.2022

Commissariat : François Cheval et Yasmine Chemali

À travers le prisme du hasard, nous abordons, pour la troisième exposition du Centre de la photographie de Mougins, une relation à l’inattendu et cette recherche de l’équilibre ténue entre maîtrise et lâcher prise, sans cesse remise en jeu par les photographes. 

Qui de mieux placés que l’artiste japonaise Yuki Onodera ou que le photographe chinois Li Lang pour nous plonger au sein d’une œuvre en devenir ?

Déjà au temps de Pline l’Ancien, l’idée de hasard est associée à l’acte créateur. Dans sa démarche, Li Lang (né en 1969, Chengdu) laisse pénétrer l’imprévisible dans la capture de l’image et provoque l’accident par un jeu de questions a priori hors de propos. L’histoire se forme : une image par minute, 958 au total, à bord d’un train à grande vitesse, en parcourant 4600 km et presque autant de récits enregistrés de bénévoles chinois.

Hasard accidentel. Hasard heureux. Hasards organisés. Yuki Onodera (née en 1962, Tokyo) donne à voir, à l’aide d’un cadrage précis, une réalité tangible, qui n’a rien de réel. Avec sa série Darkside of the Moon, elle invite (ou impose ?) une temporalité autre dans un territoire fluide – celui d’un carré, figure contraire à l’ordre des choses ou manifestation du suprématisme de l’Homme sur la nature.

Li Lang comme Yuki Onodera nous rappellent, à chaque geste, à chaque tirage, la relation que nous avons au monde. Ils nous redisent que « nous disposons de moyens modernes pour tout voir, tout appréhender, mais [qu’] en fait, nous ne voyons rien ». (Sophie Riestelhueber dans son commentaire sur l’Élevage de poussière de Marcel Duchamp et de Man Ray).

A Long Day of A Certain Year

Li Lang

Né à Chengdu en Chine dans la province du Sichuan en 1969, Li Lang débute sa carrière de photographe en 1990. Il vit et travaille actuellement à Chengdu.
À travers ses images, Li Lang a souvent exploré l’humanité et les désirs. La photographie sert de déclencheur pour le réveil d’un soi longtemps réprimé.
Il saisit les faits réels avec calme et précision. Il s’inspire et inclut dans son travail l’expérience de vie des autres, dans le but d’obtenir une expérience existentielle plus diversifiée de nous-mêmes, des autres et de la vie. Li Lang crée une relation, intangible, entre les gens et la photographie, et nous fait réfléchir à la relation entre la modernité et la photographie.
Li Lang a remporté le Punctum Award au festival de photographie de Lianzhou (Chine, 2019) ainsi que le prix spécial du jury, Lianzhou Foto Festival (2015). En 1998, il recevait la « médaille d’excellence Mother Jones » et le Prix pour le Fonds International Mother Jones pour la photographie documentaire (San Francisco). Ses œuvres ont été collectionnées par de nombreuses institutions dont le San Francisco Museum of Modern Art (États-Unis), le Shanghai Art Museum (Chine), l’Instituto Valenciano de Arte Moderno (Espagne), le Guangdong Museum of Art (Chine), LUXELAKES- A4 Art Museum (Chengdu, Chine), ou encore la White Rabbit Gallery (Sydney, Australie).
Il expose pour la première fois en France au Centre de la photographie de Mougins.

©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, A0317, 2018
©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, B0634, 2018
©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, B0903, 2018
©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, A0104, 2018
Darkside of the Moon
Yuki Onodera
Née à Tokyo 1962, Yuki Onodera installe son atelier à Paris en 1993 et expose depuis lors son travail dans le monde entier. Elle se pose la question de savoir ce qu’est la photographie et ce que la photographie peut faire. Cette réflexion la conduit à une pratique insolite qui dépasse en fin de compte le cadre de la « simple » photographie : elle insère une bille dans l’appareil photographique, ou se rend de l’autre côté de la Terre pour prendre des photos sur la base d’une histoire construite à partir d’un fait divers ou d’une légende.
Reconnue pour ses travaux originaux et artisanaux (tirages manuels sur papier argentique de grande dimension, dripping sur tirages noir et blanc), ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections et musées du monde entier (Centre Pompidou, San Francisco Museum of Modern Art, The J. Paul Getty Museum, Shanghai Art Museum, Tokyo Photographic Art Museum, etc).
Ses principales expositions monographiques se sont déroulées au National Museum of Art d’Osaka (2005), au Shanghai Art Museum (2006), au Tokyo Photographic Art Museum (2010, « Yuki Onodera : Into the Labyrinth of Photography »), au Museum of Photography de Séoul (2010), au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône (2011, « Yuki Onodera, La photographie en apesanteur »). Elle a également obtenu le Prix Iheï Kimura (2003, Japon) ainsi que le Prix Niépce (2006, France).

Yuki Onodera
« Darkside of the Moon » No.3
2021
Tirage gélatino-argentique, dripping, collage sur toile
Triptyque 130 x 390 cm
©Yuki Onodera

Yuki Onodera
« Darkside of the Moon » No.5
2021
Tirage gélatino-argentique, dripping, collage sur toile
Triptyque 140 x 420 cm
©Yuki Onodera
Yuki Onodera
« Twin Birds » R006
2021
Tirage gélatino-argentique
31 x 24 cm
©Yuki Onodera

Cahiers #3

La clairvoyance du hasard

Auteur·e·s :

François Cheval, András Páldi, Jean Daunizeau, Takayo Iida, Yasmine Chemali, Li Lang et Yuki Onodera.

176 pages

29 €

Isbn : 979-10-90698-52-9

Cahiers est une nouvelle revue, indépendante, sous format papier, qui accompagne chaque exposition.

Son positionnement : se situer entre le livre photo luxueux, le catalogue d’exposition à la faible pérennité́ et le livre de vulgarisation.
Cahiers est simple et économique, l’hybride entre le roman et la reproduction pointue de l’image.

En vente à la boutique du Centre de la photographie.