Commissariat : François Cheval et Yasmine Chemali

Exposition réalisée en partenariat avec le Harold Feinstein Photography Trust.

Cette exposition fait partie de la programmation des Rencontres d’Arles dans le cadre du Grand Arles Express.

Harold Feinstein ne peut se réduire à une série. Mais pour ce natif de Coney Island, cette « terre sans ombres » restera avant tout le terrain d’une pratique photographique, et surtout la parfaite illustration d’une vision de la société américaine. Il n’est pas de contemplation « pure » dans ces images, il s’agit avant tout d’une disposition éthique, d’une esthétique du banal. Tout cela compose, in fine, un ensemble, un grand roman musical au milieu des bouleversements de la société américaine, avec la Grande Dépression, l’exacerbation du problème racial, le maccarthysme, etc.

C’est là, en 1952, mobilisé par l’armée, que le jeune Harold Feinstein se retrouve dans le corps expéditionnaire américain en Corée. La forme qu’Harold Feinstein expérimente dans le récit coréen consiste à faire se rejoindre le quotidien et l’art du blues. Il écrit une histoire tout en nuances de gris et en contrastes délicats. Le rythme lent, les sonorités sourdes, tout cela donne une extrême consistance à une série faite d’appropriation sensible et d’abandon du modèle au désir du photographe.

De retour aux États-Unis, Harold Feinstein s’établit au Jazz Loft, à New York, où il rencontre les musiciens Hall Overton et Dick Cary. De cette période date sa collaboration avec le label Blue Note Records. Il fait alors la connaissance, essentielle pour lui, du photographe W. Eugene Smith, avec qui il collabore sur la maquette du Pittsburgh Project.

C’est cette vision du monde d’une photographie engagée au profit d’une humanité rassemblée que le photographe va vouloir transmettre. Sa démarche est d’une certaine manière proche de celle de la street photography. Ses images réalisées dans le métro, dans les rues de New York saisies avec tous leurs détails, ne forment qu’une seule pensée. Les mondes narratifs se déroulent, mais l’œuvre est une. Harold Feinstein introduit une tension singulière dans l’esthétique narrative entre les accidents et les effets de miroir ; l’œuvre est une totalité qui s’impose comme une pensée présente et tient par son propre style plus que par son sujet.

 

Biographie Harold Feinstein (1931-2015) 

Né en 1931 à Coney Island, dans l’État de New York, de parents immigrés juifs, Harold Feinstein commence la photographie en 1946, à l’âge de quinze ans, Rolleiflex à la main. À seize ans, il quitte l’école, et, l’année suivante, en 1948, il devient le plus jeune membre de la Photo League, aux côtés de Sid Grossman. Rapidement, quelques-unes de ses photographies intègrent la collection permanente du Museum of Modern Art (MoMA, New York) à l’initiative d’Edward Steichen. C’est à partir de 1954 qu’il expose son travail, lors d’expositions collectives (Whitney Museum of American Art, MoMA) et personnelles (George Eastman House, Limelight Gallery).

Reconnu comme une figure importante de l’avant-garde artistique new-yorkaise pour ses photographies de rue, Harold Feinstein est mobilisé dans l’infanterie pour servir en Corée (1952). À son retour, il s’établit au Jazz Loft, conçoit des jaquettes pour les labels Blue Note Records et Signal Records et rencontre W. Eugene Smith, avec qui il collabore sur la maquette du Pittsburgh Project. 

Harold Feinstein poursuit son œuvre sur près de six décennies avec Coney Island comme territoire de prédilection, tout en dressant le portrait d’une Amérique multiple, proche des gens et joyeuse. Le photographe sera aussi enseignant – notamment à la Annenberg School for Communication, à Philadelphie. Sa pédagogie et sa philosophie, au service de la vision plutôt que de la technique, auront marqué une génération. 

Ses photographies font partie de prestigieuses collections privées et de collections de grands musées américains (MoMA, International Center of Photography, New York City Museum, The Jewish Museum, etc.).

© Harold Feinstein
Boardwalk Sheet Music Montage
1952
Harold Feinstein Photography Trust, CI-251

© Harold Feinstein
Draftee in Photo Booth
1952
Harold Feinstein Photography Trust, AD-004

© Harold Feinstein
Blanket Toss
1955
Harold Feinstein Photography Trust, CI-008h

© Harold Feinstein
Beauty Parlor Window
1964
Harold Feinstein Photography Trust, CL-004

© Harold Feinstein

Bad Luck Tattoo
1957
Harold Feinstein Photography Trust, CI-004

© Harold Feinstein
Viva Puerto Rico
1978
Harold Feinstein Photography Trust, CI-049

Programmation parallèle

Visite de l’exposition
par Judith Thompson
directrice du Harold Feinstein Photography Trust
samedi 1er.07
15 h

Projection
en présence du réalisateur
Andy Dunn
Last Stop Coney Island.
The Life and Photography
of Harold Feinstein
de Andy Dunn
(États-Unis, 2018,
documentaire, 88 min, VOSTFR)
dimanche 2.07
19 h
Entrée libre

Visites contées
Clic ! Clac !
Lily prépare un reportage photo sur New York ! De la 5e avenue au Luna Park de Coney Island, en passant par les clubs de Jazz de la 54e avenue, elle découvre tous les secrets de celle que l’on surnomme Big Apple.
Durée : 45 min
samedi 8.07
11 h
mercredi 19.07
16 h
mercredi 9.08
16 h
samedi 26.08
11 h
Tarif : 4€ pour les – 18 ans
à partir de 4 ans

Journées européennes
du Patrimoine
samedi 16.09
et dimanche 17.09
Entrée libre

Conférence
Harold Feinstein
et l’« expérience » américaine
Jean Kempf, professeur émérite d’histoire et civilisation des États-Unis à l’Université Lumière-Lyon 2 et au laboratoire CNRS Triangle.
mercredi 27.09
18 h 30 → 20 h
Entrée libre

Projection-débat
Little Fugitive
de Raymond Abrashkin,
Ruth Orkin et Morris Engel
(États-Unis, 1953,
comédie dramatique,
75 min, VOSTFR)
dimanche 8.10
18 h 30 → 21 h 30
Entrée libre

 

 

Informations et réservations

au +33 (0)4 22 21 52 12
ou +33 (0)4 22 21 52 14

kpeacock@villedemougins.com
eprestini@villedemougins.com
centrephotographie@villedemougins.com

Cahiers #6

La roue des merveilles : Harold Feinstein

Auteur.e.s : François Cheval, Alexis Tadié, Ya’ara Gil-Glazer, Yasmine Chemali
ISBN : 979-10-90698-55-0
Date de parution : juin 2023
192 pages
Bilingue Français / Anglais
29 €

Les Cahiers #6 du Centre de la photographie de Mougins sont à l’image d’Harold Feinstein, protéiformes et multiples. Ils rassemblent à la fois une contribution scientifique portant sur l’héritage de la Photo League new-yorkaise, des écrits sur le Jazz Loft, les collaborations du photographe avec les labels de jazz Blue Note et Signal ou encore auprès de W. Eugene Smith (Pittsburgh Project) mais aussi un texte sur Coney Island, leitmotiv du septième art depuis le début du XXe siècle avec son parc d’attraction et ses lumières la nuit. Les Cahiers #6 couvrent aussi la participation d’Harold Feinstein en tant que GI dans la guerre de Corée et donnent à voir l’engagement du photographe, enseignant et mentor, le tout sur des airs de Duke Jordan, Lee Morgan et Gigi Gryce.

En vente à la boutique du Centre de la photographie.

Expositions passées

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1001

Commissariat : François Cheval et Yasmine Chemali

« Ce qui nous arrive ici, en plein visage, à l’improviste, ce n’est pas l’habituelle matière à curiosité […], ce précieux butin, il n’était pas à la portée d’un touriste ordinaire, ou même à un ethnologue du modèle habituel, de le conquérir […] Pierre Verger ne dit pas tout, et ne montre pas tout. Car c’est, aussi, un sage. »

Préface de Théodore Monod, dans Pierre Verger, Dieux d’Afrique, Paris : Paul Hartmann, 1954.
L’exposition « Amexica : Marie Baronnet » est la seconde partie d’une recherche en deux temps intitulée « Ce qui nous arrive ici, en plein visage », selon l’expression de Théodore Monod. L’exposition « Photographier les vodous : Catherine De Clippel » en constituait la première partie (5.11.2022 – 5.02.2023).

À la frontière séparant les États-Unis et le Mexique se dresse une barrière, une muraille sinistre et connue de tous. À elle seule, elle incarne tous les murs et refus de l’autre. Dans Amexica, la photographie est un champ de bataille. On s’y affronte dans un combat entre communautés, cultures et pays. On y voit surtout s’y mener une lutte sans merci entre individus et entre genres.

Dans un territoire circonscrit par des matériaux agressifs, les contradictions ne peuvent se régler sans heurts ; une arène où, à la fin, ce sont toujours les mêmes qui doivent s’avouer vaincus. Clivage racial, clivage de classe, tout ici s’oppose dans un affrontement où l’un des protagonistes supplie, et l’autre humilie. Monde binaire, alternance de lumière naturelle, aveuglante, et d’obscurité, précarité contre abondance, ville et désert, bricolage et sophistication, milices opposées aux coyotes, comme si cette partie du monde ne fonctionnait qu’en termes schématiques ! Il faut pourtant en convenir, les soirs de pleine lune, dans l’alternance du jour et de la nuit, se joue le combat entre deux forces, entre deux pulsions, celles de la vie et de la mort, de l’amour et de la haine. La ligne de démarcation indique clairement le territoire du maître et le territoire du faible.

Dans une suite photographique consacrée à la représentation d’une réalité apocalyptique à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, Marie Baronnet ne laisse rien dans l’ombre. Par l’emploi d’une couleur franche, souvent contrastée, avec une tonalité crépusculaire, la photographe fait ressortir la nature d’un conflit qui déchire les communautés. Son attention se porte sur des instants quelconques et juxtapose des moments qui rendent intelligibles le processus, l’apartheid mis en place par le mur, dans l’urgence, portrait par portrait, de saisir le drame qui nous fait face, ses protagonistes et ses modalités.

Biographie

Durant sa formation à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Marie Baronnet (née à Paris en 1972) obtient en 1997 une bourse pour étudier au California Institute of The Arts de Los Angeles. Les premiers travaux de Marie Baronnet abordent la photographie et la vidéo comme un medium strictement artistique. Dès 1996 son travail multimédia est présenté au musée d’Art moderne de la Ville de Paris avant d’entrer dans les collections du Centre Pompidou.

Ses autoportraits abstraits sont présentés dans le comté de New York, aux côtés d’artistes féministes américaines comme Cindy Sherman ou encore Jenny Holzer dans le cadre de l’exposition « Laughter Ten Years After: The Revolutionary Power of Women’s Laughter » avant d’être exposés au musée des Beaux-Arts de Paris en 1999.

Photo-journaliste indépendante pour la presse française et américaine (Libération, Le Monde, L’Obs, Newsweek, Sunday Times, etc), elle entame une démarche documentaire à partir des années 2000. Elle s’installe à Los Angeles en 2011 et publie chez André Frère Éditions, Legends: The Living Art of Risqué (2014), un ouvrage sur l’art du striptease et ses pionnières à travers l’Amérique. Cette série entre dans la collection du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir.

Entre 2009 et 2019, elle documente régulièrement la frontière américaine et mexicaine et réalise sur ce sujet son premier film documentaire Amexica (95 min, 2020), coproduit par la société Velvet Films de Raoul Peck et Arte).

En 2023, le Centre de la photographie de Mougins lui consacre une exposition monographique sur son travail à la frontière et présente pour la première fois depuis sa diffusion sur Arte le film Amexica.

© Marie Baronnet
Migrants traversant la frontière
Naco, Arizona, États-Unis, 2010

© Marie Baronnet

Miroir, outil de communication entre migrants
Naco, Mexique, 2010

© Marie Baronnet
Billets de banque, dollars et pesos
Mexicali, Mexique, 2009

© Marie Baronnet
Naco, Mexique, 2010

© Marie Baronnet
Tea Party Rally
Désert de Sonora, Arizona, États-Unis, 2010

© Marie Baronnet
Morgue
Tucson, Arizona, États-Unis, 2021

© Marie Baronnet
Morgue
Tucson, Arizona, États-Unis, 2021

Documentaire
2020
95 min, numérique,
couleur, VOSTFR
Réalisation : Marie Baronnet
Coproduction : Velvet Film et Arte
Musique originale : Marc Ribot

Programmation parallèle

Visite de l’exposition
en présence de Marie Baronnet
Samedi 04.03

15 h Visite guidée

15 h 30 Projection du film Amexica

17 h Questions / Réponses

Marie Baronnet et Nicole Fernández Ferrer du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir

 

Accessible sur présentation de votre billet d’entrée au Centre

 

Visites contées
Les dimanches 02.04 – 07.05 – 04.06 à 16 h

À partir de 3 ans. Entrée libre

 

Projection jeune public
Fête du court-métrage
Samedi 18.03 à 10 h 30

À partir de 8 ans. Entrée libre

 

Projection
Samedi 25.03 de 19 h à 21 h

Entrée libre

De l’autre côté de Chantal Akerman (France, 2002, documentaire, 99 min, VOSTFR)

et La promesa de Marie Baronnet (Mexique, 2023, documentaire, 8 min, VOSTFR)

 

Regards croisés
Vendredi 09.06 de 19 à 21 h

Entrée libre

Yvan Gastaut, historien et maître de conférences de l’université Nice Sophia Antipolis et Éric Oberdorff, chorégraphe de la Compagnie Humaine

Projection
Mercredi 17.05 de 19 h à 21 h

Entrée libre

El velador de Natalia Almada (Mexique, 2011, documentaire, 72 min, VOSTFR)

et La promesa de Marie Baronnet (Mexique, 2023, documentaire, 8 min, VOSTFR)

Nuit européenne des musées
Samedi 13.05 de 19h à 23h

Entrée libre

 

Informations et réservations

au +33 (0)4 22 21 52 12
ou +33 (0)4 22 21 52 14

kpeacock@villedemougins.com
eprestini@villedemougins.com
info@cpmougins.com

Cahiers #5

Ce qui nous arrive ici, en plein visage : Catherine De Clippel + Marie Baronnet

Contributeurs : François Cheval, Jean-Paul Colleyn, Jérôme Esnouf
ISBN : 979-10-90698-54-3
Date de parution : 31 octobre 2022
192 pages
Bilingue Français / Anglais
29 €

À la frontière séparant les États-Unis et le Mexique se dresse une barrière, une muraille sinistre et connue de tous. À elle seule, elle incarne tous les murs et refus de l’autre. Ailleurs, en pays Fon et Éwé, d’autres bornes se dressent, sous forme de sculptures en terre, posées directement sur le sol. Des protubérances qui dissocient les vivants des esprits. Entre les photographies de Marie Baronnet, prises à la frontière mexicaine, et celles de Catherine De Clippel, capturées en Afrique de l’Ouest, se noue pourtant une relation étonnante. Toutes deux saisissent ce qui se passe entre ce qui s’ouvre et entre ce qui se ferme, cet au-delà qui attise la curiosité propre à l’Homme. Car, pour ce dernier, il faut toujours appréhender ce qui se cache et se trouve de l’autre côté.
Extrait de l’introduction, François Cheval

En vente à la boutique du Centre de la photographie.

Photographier les vodous :
Catherine De Clippel

05.11.2022 – 05.02.2023

« Ce qui nous arrive ici, en plein visage, à l’improviste, ce n’est pas l’habituelle matière à curiosité […], ce précieux butin, il n’était pas à la portée d’un touriste ordinaire, ou même à un ethnologue du modèle habituel, de le conquérir […] Pierre Verger ne dit pas tout, et ne montre pas tout. Car c’est, aussi, un sage. »

Préface de Théodore Monod, dans Pierre Verger, Dieux dAfrique, Paris : Paul Hartmann, 1954.

L’exposition « Photographier les vodous : Catherine De Clippel » est la première partie d’une recherche en deux temps intitulée « Ce qui nous arrive ici, en plein visage », selon l’expression de Théodore Monod. L’exposition « Amexica : Marie Baronnet » (04.03 – 04.06.2023) constituera la seconde partie et fin.

Dans la culture occidentale, la religion vodou a longtemps été considérée comme un tissu de superstitions sanguinaires et maléfiques. On s’est autorisé à catégoriser le vodou au même titre que la magie ou la sorcellerie, reléguant les cultes vodous au rang de pratiques primitives, ancestrales, figées. Or, les vodous nous sont contemporains. Implantés depuis des temps immémoriaux, ils cohabitent aux côtés du christianisme et de l’islam. Aujourd’hui, des manifestations aux caractéristiques politiques et culturelles autour du vodou contribuent à faire évoluer son image.

L’anthropologie visuelle, elle, construit son objet dans la méfiance du mot pour en inscrire d’autres. Plus justes, pour un temps car au plus près du sensible. En acceptant l’idée que l’image enregistrée possède, par contamination culturelle, une puissance symbolique, en la délivrant de sa seule connotation indicielle, de sa nature de trace, elle va au-delà de sa simple représentation. Par là même, elle réinvestit des espaces qu’elle avait abordés avec les surréalistes, le domaine de la poésie et du sensible. Les images de Catherine De Clippel font suite à celles de Pierre Verger, aux pensées d’Alfred Métraux, aux intuitions de Georges Bataille, aux interrogations de Michel Leiris… Car au fil du temps, de tant d’années préparatoires, se dessinent des manières de voir, peut-être des travers, qui déterminent les images que nous croyons muettes mais qui se révèlent si bavardes parce qu’insensiblement instruites.

Biographie

Catherine De Clippel (née en 1940 à Aalst, Belgique) est photographe, réalisatrice et productrice de films documentaires. Fondatrice de la société Acmé film, elle accompagne les anthropologues Marc Augé et Jean-Paul Colleyn et coproduit avec Arte, l’INA et la RTBF, une série de films depuis le début des années 1980 sur les pratiques animistes en Afrique, au Brésil, au Venezuela, au Pakistan et en Inde. La série documentaire Vivre avec les dieux la fait voyager notamment au Togo et au Bénin à la découverte des vodous qu’elle photographie dès 1988.

À partir de 2002, ses photographies s’exposent dans des institutions internationales comme le Musée d’histoire naturelle de Lyon, Museum Rietberg de Zurich, Mudec de Milan, Milwaukee Art Museum, ou la Fondation d’art contemporain Post Vidai de Hô Chi Minh-Ville. Catherine De Clippel expose ses tirages au musée de l’Homme aux côtés de ceux de l’ethnologue Jean Rouch (Paris, 2017) et à la Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris, 2019). Au Bénin en 2019, elle poursuit sa recherche autour des vodous et collabore avec le plasticien Dominique Zinkpè dans le cadre d’une exposition à la galerie Le Centre à Abomey-Calavi.

La publication Vivre avec les dieux, co-écrite avec Marc Augé, Jean-Paul Colleyn et Jean-Pierre Dozon, paraît aux éditions de la Maison des sciences de l’homme en 2019, suivie de l’ouvrage Photographier les vodous, Togo-Bénin 1988-2019 (Paris, Maison des sciences de l’homme, 2020).

En 2022, le Centre de la photographie de Mougins lui consacre une monographie rassemblant une série de 25 tirages des vodous du Togo et du Bénin ainsi qu’une installation vidéographique sur papiers suspendus en polyvision à partir du film Les Dieux-Objets (Togo, 1989).

© Catherine De Clippel
Vodou Zangbeto
1989
Séko (Togo)
Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle
135 x 90 cm

© Catherine De Clippel
Vodou Legba
1989
Séko (Togo)
Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle
90 x 135 cm

© Catherine De Clippel
Hache du vodou Hevieso
1988
Aklakou (Togo)
Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle
135 x 90 cm

© Catherine De Clippel
Vodou Legba
1989
Séko (Togo)
Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle
135 x 90 cm

© Catherine De Clippel
Acolyte du vodou Djagli
1989
Séko (Togo)
Tirage jet d’encre sur Rice paper Hahnemühle
90 x 135 cm

Les Dieux-Objets
Togo, 1989
51 min, 16 mm, couleur
Réalisation : Jean-Paul Colleyn et Catherine De Clippel
Conseil scientifique : Marc Augé et Jean-Pierre Dozon
Production : Acmé films, RTBF, La Sept, ORSTOM, avec le concours de la RTSR et de FR3

Programmation parallèle

Visite guidée en présence de
Catherine De Clippel

Samedi 05.11 à 15h – Tarif : 6€

Cycle de projections
Anthropologie visuelle Partie I

Vendredi 16.12 de 19h à 21h – Entrée libre

Les Filles du vodou de Catherine De Clippel (France, 1990, 27 min, VOSTFR)
Eux et moi de Stéphane Breton (France, 2001, 62 min, VOSTFR)
Night Mail de Harry Watt et Basil Wright (Royaume-Uni, 1936, 25 min, VOSTFR)

 

Cycle de projections
Anthropologie visuelle Partie II

Samedi 14.01 de 19h à 21h – Entrée libre

The Song of Ceylon de Harry Watt et Basil Wright (Royaume-Uni, 1934, 37 min, VOSTFR)
Moi un Noir de Jean Rouch (France, 1959, 73 min, VF)

 

Informations et réservations

au +33 (0)4 22 21 52 12
ou +33 (0)4 22 21 52 14

kpeacock@villedemougins.com
eprestini@villedemougins.com
info@cpmougins.com

Cahiers #5

Ce qui nous arrive ici, en plein visage : Catherine De Clippel + Marie Baronnet

Contributeurs : François Cheval, Jean-Paul Colleyn, Jérôme Esnouf
ISBN : 979-10-90698-54-3
Date de parution : 31 octobre 2022
192 pages
Bilingue Français / Anglais
29 €

À la frontière séparant les États-Unis et le Mexique se dresse une barrière, une muraille sinistre et connue de tous. À elle seule, elle incarne tous les murs et refus de l’autre. Ailleurs, en pays Fon et Éwé, d’autres bornes se dressent, sous forme de sculptures en terre, posées directement sur le sol. Des protubérances qui dissocient les vivants des esprits. Entre les photographies de Marie Baronnet, prises à la frontière mexicaine, et celles de Catherine De Clippel, capturées en Afrique de l’Ouest, se noue pourtant une relation étonnante. Toutes deux saisissent ce qui se passe entre ce qui s’ouvre et entre ce qui se ferme, cet au-delà qui attise la curiosité propre à l’Homme. Car, pour ce dernier, il faut toujours appréhender ce qui se cache et se trouve de l’autre côté.
Extrait de l’introduction, François Cheval

En vente à la boutique du Centre de la photographie.

Every day is Saturday
Tom Wood

18.06.2022 – 16.10.2022

Commissariat : Jérôme Sother, François Cheval et Yasmine Chemali

Exposition coproduite avec Le Centre d’Art GwinZegal, Guingamp

Cette exposition fait partie de la programmation des Rencontres d’Arles dans le cadre du Grand Arles Express.

Celui qui se met en quête d’infini ou de transcendance ne trouvera pas son lot au milieu de voyages en bus, à la sortie du stade, à l’embarcadère de la Mersey ou dans les vestiaires des chantiers navals. Quant à celui qui recherche une logique déterministe, un propos sociologique et politique de l’Angleterre, il pourra trouver ça et là des informations visuelles sur une période et un espace déterminés. Grâce à Tom Wood, on échappe aux stéréotypes auxquels une certaine photographie documentaire britannique nous a habitués.

L’œuvre forte de plusieurs séries, désormais « historiques », nous plonge dans l’atmosphère de l’Angleterre thatchérienne et post-thatchérienne. Depuis longtemps déjà, un vent mauvais avait commencé à souffler sur Liverpool. Et, au moment où Tom Wood intervient, il souffle encore, brutal. Une suite d’événements, comme la fermeture des chantiers navals, qui en s’ajoutant et se répétant, dresse un tableau cohérent d’un univers particulier, d’une époque, une guerre de classe, dont il ne restera bientôt plus que quelques traces et des portraits d’une rare noblesse, des portraits débarrassés du pathos héroïque. Il n’a jamais été facile pour la photographie de sortir de l’héroïsation. À trop vouloir ériger en attitudes allégoriques, donc irréelles, la condition humaine, la photographie a parfois instrumentalisé le malheur et les peines. Elle a, de fait, sous-évalué les singularités, souvent plus porteuses de sens. Dans la volonté d’affirmer des principes photographiques, vouloir contracter une alliance « morale » avec une communauté de « petites gens », avec « le petit peuple », relève encore du défi et même de la provocation. Ce défi, Tom Wood l’a relevé sans discontinuité libérant l’empathie photographique du purgatoire où elle végétait.

Biographie

L’Irlandais Tom Wood (né en 1951) prend des photographies presque tous les jours. Après avoir étudié les beaux-arts à l’école polytechnique de Leicester de 1973 à 1976, il s’installe avec sa famille dans le Merseyside en 1978. Fasciné par le cinéma expérimental, il prend alors le parti de la photographie qu’il découvre seul. Un autodidacte donc qui restera fidèle à la chimie, au papier et à la chambre noire, un expérimentateur forcené de la technique, de la plus simple à la plus élaborée (du film périmé au panoramique).
C’est muni d’un Leica 35 qu’il arpente Liverpool et les rives de la Mersey entre 1978 et 2001 et prend le parti de dresser un portrait de la ville et de ses habitants : rues, pubs, clubs, marchés, chantiers, parcs ou encore stades de football. Ce portrait sans arrière-pensées des couches populaires au milieu des grandes friches industrielles et des terrains vagues configure un œuvre sans égal dans la photographie contemporaine.

Le travail de Tom Wood a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles. En France, il a été montré dans des festivals, dans le cadre de la Galerie Sit Down ou encore au Centre photographique GwinZegal de Guingamp (2012) et au Château d’Eau à Toulouse (2005). Ses œuvres ont rejoint les collections du MoMA et de l’ICP à New York, de l’Art Institute of Chicago et du Victoria & Albert Museum à Londres. En 2002, Tom Wood a reçu le « Prix Dialogue de l’Humanité » aux Rencontres d’Arles.

Tom Wood
Gangolad [Anfield]
Série : Les Reds – Liverpool

1992
©Tom Wood

Tom Wood
Série : Les Reds – Liverpool
1983-2001
©Tom Wood

Tom Wood
Pink Lipstick
Série : Chelsea Reach – Looking For Love
1984
©Tom Wood

Tom Wood
Hard hat
Série : Cammell Laird Shipyard
1993
©Tom Wood

Tom Wood
Redhead boy
Série : Photie Man

1986
©Tom Wood

Programmation parallèle

Freestyle football

Mercredi 06.07 – 18h > 19h30

Visite thématique suivie d’une initiation par la vice-championne du monde Alice Fougeray.

Tarif : 10€

Tout public

Sur inscription

Couleurs et lumières

Samedi 23.07 – 10h > 12h

Atelier de pratique autour de la lumière et des couleurs avec Élodie Garrone, artiste plasticienne.

Tarif : 10€

À partir de 7 ans

Sur inscription

Portraits en couleurs

Samedi 06.08 – 10h > 12h

Atelier familial de création d’un portrait en papier coloré avec Guillemette Lorin, art-thérapeute.

Tarif : 4€ + billet d’entrée

À partir de 3 ans

Sur inscription

Informations et réservations

au +33 (0)4 22 21 52 12
ou +33 (0)4 22 21 52 14

kpeacock@villedemougins.com
eprestini@villedemougins.com
info@cpmougins.com

Cahiers #4

Every day is Saturday : Tom Wood

Auteur·e·s :

Yasmine Chemali, François Cheval, David Peace, John Peel, Alexis Tadié, Leïla Vignal.

192 pages

29€

Isbn : 979-10-90698-53-6

Photographe du quotidien, Tom Wood ou « Photie Man » arpente les rues de Liverpool où il vit. Il dresse le portrait d’une ville et de ses habitants, pris sur le vif du haut d’un bus, dans le ferry, sur les marchés du dimanche ou sur le chantier naval de Cammell Laird ou encore au night-club. Dans les photographies de Tom Wood, il n’y a aucun montage, aucun recadrage. Ce qui est donné à voir est là, devant nous. Un geste compulsif, un regard incisif, le péril de la planche-contact qui peut dire une histoire ou passer à côté. Alors, il faut se montrer généreux à la hauteur d’un artiste qui donne tout. Les contributions du numéro 4 des Cahiers, sans arrière-pensées, mêlent les regards et entreprennent, à plusieurs voix, la lecture de cet univers liverpuldien. 

En vente à la boutique du Centre de la photographie.

La clairvoyance du hasard
Li Lang + Yuki Onodera

26.02.2022 – 22.05.2022

Commissariat : François Cheval et Yasmine Chemali

À travers le prisme du hasard, nous abordons, pour la troisième exposition du Centre de la photographie de Mougins, une relation à l’inattendu et cette recherche de l’équilibre ténue entre maîtrise et lâcher prise, sans cesse remise en jeu par les photographes. 

Qui de mieux placés que l’artiste japonaise Yuki Onodera ou que le photographe chinois Li Lang pour nous plonger au sein d’une œuvre en devenir ?

Déjà au temps de Pline l’Ancien, l’idée de hasard est associée à l’acte créateur. Dans sa démarche, Li Lang (né en 1969, Chengdu) laisse pénétrer l’imprévisible dans la capture de l’image et provoque l’accident par un jeu de questions a priori hors de propos. L’histoire se forme : une image par minute, 958 au total, à bord d’un train à grande vitesse, en parcourant 4600 km et presque autant de récits enregistrés de bénévoles chinois.

Hasard accidentel. Hasard heureux. Hasards organisés. Yuki Onodera (née en 1962, Tokyo) donne à voir, à l’aide d’un cadrage précis, une réalité tangible, qui n’a rien de réel. Avec sa série Darkside of the Moon, elle invite (ou impose ?) une temporalité autre dans un territoire fluide – celui d’un carré, figure contraire à l’ordre des choses ou manifestation du suprématisme de l’Homme sur la nature.

Li Lang comme Yuki Onodera nous rappellent, à chaque geste, à chaque tirage, la relation que nous avons au monde. Ils nous redisent que « nous disposons de moyens modernes pour tout voir, tout appréhender, mais [qu’] en fait, nous ne voyons rien ». (Sophie Riestelhueber dans son commentaire sur l’Élevage de poussière de Marcel Duchamp et de Man Ray).

A Long Day of A Certain Year

Li Lang

Né à Chengdu en Chine dans la province du Sichuan en 1969, Li Lang débute sa carrière de photographe en 1990. Il vit et travaille actuellement à Chengdu.
À travers ses images, Li Lang a souvent exploré l’humanité et les désirs. La photographie sert de déclencheur pour le réveil d’un soi longtemps réprimé.
Il saisit les faits réels avec calme et précision. Il s’inspire et inclut dans son travail l’expérience de vie des autres, dans le but d’obtenir une expérience existentielle plus diversifiée de nous-mêmes, des autres et de la vie. Li Lang crée une relation, intangible, entre les gens et la photographie, et nous fait réfléchir à la relation entre la modernité et la photographie.
Li Lang a remporté le Punctum Award au festival de photographie de Lianzhou (Chine, 2019) ainsi que le prix spécial du jury, Lianzhou Foto Festival (2015). En 1998, il recevait la « médaille d’excellence Mother Jones » et le Prix pour le Fonds International Mother Jones pour la photographie documentaire (San Francisco). Ses œuvres ont été collectionnées par de nombreuses institutions dont le San Francisco Museum of Modern Art (États-Unis), le Shanghai Art Museum (Chine), l’Instituto Valenciano de Arte Moderno (Espagne), le Guangdong Museum of Art (Chine), LUXELAKES- A4 Art Museum (Chengdu, Chine), ou encore la White Rabbit Gallery (Sydney, Australie).
Il expose pour la première fois en France au Centre de la photographie de Mougins.

©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, A0317, 2018
©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, B0634, 2018
©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, B0903, 2018
©Li Lang, A Long Day of A Certain Year, A0104, 2018
Darkside of the Moon
Yuki Onodera
Née à Tokyo 1962, Yuki Onodera installe son atelier à Paris en 1993 et expose depuis lors son travail dans le monde entier. Elle se pose la question de savoir ce qu’est la photographie et ce que la photographie peut faire. Cette réflexion la conduit à une pratique insolite qui dépasse en fin de compte le cadre de la « simple » photographie : elle insère une bille dans l’appareil photographique, ou se rend de l’autre côté de la Terre pour prendre des photos sur la base d’une histoire construite à partir d’un fait divers ou d’une légende.
Reconnue pour ses travaux originaux et artisanaux (tirages manuels sur papier argentique de grande dimension, dripping sur tirages noir et blanc), ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections et musées du monde entier (Centre Pompidou, San Francisco Museum of Modern Art, The J. Paul Getty Museum, Shanghai Art Museum, Tokyo Photographic Art Museum, etc).
Ses principales expositions monographiques se sont déroulées au National Museum of Art d’Osaka (2005), au Shanghai Art Museum (2006), au Tokyo Photographic Art Museum (2010, « Yuki Onodera : Into the Labyrinth of Photography »), au Museum of Photography de Séoul (2010), au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône (2011, « Yuki Onodera, La photographie en apesanteur »). Elle a également obtenu le Prix Iheï Kimura (2003, Japon) ainsi que le Prix Niépce (2006, France).

Yuki Onodera
« Darkside of the Moon » No.3
2021
Tirage gélatino-argentique, dripping, collage sur toile
Triptyque 130 x 390 cm
©Yuki Onodera

Yuki Onodera
« Darkside of the Moon » No.5
2021
Tirage gélatino-argentique, dripping, collage sur toile
Triptyque 140 x 420 cm
©Yuki Onodera
Yuki Onodera
« Twin Birds » R006
2021
Tirage gélatino-argentique
31 x 24 cm
©Yuki Onodera

Cahiers #3

La clairvoyance du hasard

Auteur·e·s :

François Cheval, András Páldi, Jean Daunizeau, Takayo Iida, Yasmine Chemali, Li Lang et Yuki Onodera.

176 pages

29 €

Isbn : 979-10-90698-52-9

Cahiers est une nouvelle revue, indépendante, sous format papier, qui accompagne chaque exposition.

Son positionnement : se situer entre le livre photo luxueux, le catalogue d’exposition à la faible pérennité́ et le livre de vulgarisation.
Cahiers est simple et économique, l’hybride entre le roman et la reproduction pointue de l’image.

En vente à la boutique du Centre de la photographie.